Images-projets
Pierre Richard et sa femme Renée
Jacques Martin
Cécile Briand
Les homonymes de Rennes
C’est mon premier projet. Il date de 1995. C’est lui qui donne le degré de la pente, l’inclinaison de ce qui va suivre.
J’ai contacté tous les homonymes de gens célèbres trouvés dans l’annuaire de Rennes et je leur ai demandé s’ils voulaient bien que je les photographie en tant qu’homonymes. Trois d’entre eux ont accepté : Pierre Richard, Jacques Martin et Cécile Briand (la moins célèbre).
Je suis allée à leur domicile et j’ai fait leur portrait. J’ai inscrit plus tard leur nom en dessous. J’ai passé un long moment avec Pierre Richard et sa femme. Ils m’ont raconté beaucoup de leur vie. J’ai également passé un long moment avec Jacques Martin.
Pour avoir leur autorisation d’apparaître ici et dans le livre, j’ai cherché à les retrouver plus de 20 ans après. La Cécile Briand étudiante que j’avais rencontrée était maintenant mère de 3 enfants. Elle ne se rappelait pas de moi, mais de la photo prise par moi. Je n’ai pas réussi à retrouver la trace de Jacques Martin. Pour cause, c’est Mme Richard qui m’a informé de son décès, quelques années plus tôt. Son mari le connaissait. Mr et Mme Richard n’avaient, quant à eux, pas changé d’adresse. La première fois que j’ai parlé au téléphone avec Renée Richard, elle m’a appris qu’elle était atteinte d’une grave maladie, d’un myélome multiple, maladie rare des os (appelée maladie de Kahler). Nous avions gardé un bon souvenir de notre première rencontre et nous avons continué à correspondre par mails. Nous sommes devenues amies. Nous nous sommes revus chez eux, avec Benoît et les filles, les deux noëls qui suivirent. Le troisième Noël, je suis allée rendre visite à Mr Richard, à l’hôpital. Je n’ai pas vu Mme Richard, mais je l’ai eu de vive voix au téléphone. Pierre Richard est né exactement le même jour (du même mois de la même année) que Pierre Richard. Notre rencontre et retrouvailles resteront une belle histoire.
99 annonces pour trouver un logement
J’ai eu 2 fois à livrer bataille pour trouver un logement. J’ai préféré m’amuser un peu en le faisant.
La première fois, je devais quitter mon premier logement dans le 17ème et je voulais rejoindre l’Est parisien. Je conçus 9 modèles d’annonces que j’imprimais 10 fois chacune et les affichai à des points stratégiques des quartiers visés : boulangeries, mur de petites annonces, cabines téléphoniques…
La page de roman photo en fait partie. Le rébus aussi. Ils datent de 1998.
Après 9 années passées rue des Mûriers, j’ai du repartir à la recherche d’un logement. La plupart de mes demandes avaient, cette fois, un caractère plus administratif : j’écrivis à de multiples acteurs politiques des courriers aux thèmes différents (« Offrir un pot de vin », « Aller droit au but », « Jouer sur les sentiments »…). Ce ne fut pas très efficace. Finalement, c’est par l’intermédiaire d’une de mes annonces en forme de bonhomme (dont on arrachait les bras ou les jambes pour garder mes coordonnées) que je rencontrai la fille de ma future propriétaire.
Recherche d'appartement en roman-photo
Recherche d'appartement en rébus
Ma poule
J’ai fait les 400 coups avec ma poule.
Elle est née avec Entre Autres, le projet créé avec Emily Mast en 2004. Elle a été l’image trouvée pour répondre au titre « Pas hier, pas demain ». Elle est construite à partir de « La reproduction interdite » de Magritte : je reprends le décor que j’inverse en symétrie. L’homme qui se voit de dos dans le miroir est devenu la poule qui se voit en œuf.
J’aime tellement ma poule que je l’ai imprimée en cartes postales.
Je l’ai également déclinée en faux timbres (aux bords ondulés) et l’ai collée sur plusieurs lettres que j’ai envoyées à des amis. Ils l’ont tous reçue. Ma poule est timbrée.
La dernière expérience que j’ai faite avec ma poule a été d’introduire sa carte postale parmi celles représentant les œuvres de Magritte, à la sortie de l’exposition que Beaubourg lui a consacré, fin 2016. J’ai observé les gens la prendre en main, la retourner, puis la reposer. Sauf ces 2 fois où 2 clients sont allés jusqu’au comptoir de vente pour l’acheter. On peut lire un extrait du compte-rendu de cette expérience lorsque je parle du Tout de mon temps.
Je n’en ai pas fini avec ma poule.
Passe-tête tentation
Isabelle Mayaud a été ma partenaire pendant plusieurs années. Avec elle, j’ai organisé le Tir à la corde, Derniers Appels, Bonjour, Craie, le Noël des Folies, la Bibliothèque Rose, autant de projets qui faisaient appel à la participation de passants, d’amis, de clients des Folies (bar réputé du bas Belleville). Je parle de toutes ces expériences dans mon livre "Le tout de mon temps". Elles ne sont peut-être pas assez personnelles pour que je les détaille ici. Elles représentent peut-être plus des moments heureux partagés avec Isabelle (et tous les autres participants), que des objets aimés pour eux-mêmes.
La Bibliothèque Rose avait pris place à l’intérieur des Folies, dans l’ancienne cabine téléphonique. Nous y avions déjà organisé Derniers appels en 2005 (S’il ne vous restait plus que 3 appels à passer, qui appelleriez-vous, que leur diriez-vous ?). Cette bibliothèque comportait un nombre important de livres Harlequin. Il s’agissait d’un don. Nous avons proposé à nos connaissances et clients du bar de faire quelque chose à partir de ces livres. Edouard Levé participa, sa proposition apparaît dans le Catalogue de la Bibliothèque Rose (fabriqué à moins de 20 exemplaires). 78 œuvres y sont montrées. La Bibliothèque Rose avait donc sa place, cette année 2008, au programme des Portes Ouvertes des Ateliers de Belleville, dont le thème était Tentation. Ce panneau passe-tête fut conçu à partir d’une vraie couverture d’Harlequin et installé aux Folies, pour faire participer les clients. J’ai pris un malin plaisir à faire tourner la tête de ce monsieur.
Le point –annexe
J’ai mis beaucoup de temps à répondre au thème « Le point » que m’avait donné François Simon. (Voir le projet Lettre à Julien, François et Martin.) La plus sérieuse piste de recherche, en dehors de celle qui aboutit à photographier un point noir sur une feuille blanche, fut celle de ces diptyques.
Je récupère une photographie de telle personne connue quand elle est enfant et je lui juxtapose l’image agrandie de son œil, à l’âge adulte.
C’est ce que j’ai fait pour les trois célébrités que voilà, et pour moi-même. J’aime beaucoup le visage de Gabin enfant : il est tellement sérieux, et vieux, déjà. J’aime beaucoup son œil d’adulte en gros plan : mi-homme, mi-femme, mi-sexy, mi-flasque.
Jean Gabin
Amélie Nothomb
Fabrice Luchini
Cécile Briand
Relevés d’amour bancaires
Les possibilités sont nombreuses de jouer avec certaines pratiques administratives. On les croit figées, à tort. Ainsi, quand je fais le virement mensuel à mon amoureux, pour le partage des charges domestiques, rien ne m’empêche de l’accompagner d’un commentaire tout à fait personnel. La seule difficulté rencontrée consiste à écrire ce que l’on veut, sans utiliser d’accents, de virgules ou d’apostrophes.