Vous trouverez sur ce site la plupart des projets qui remplissent ma vie depuis que je « réalise », autrement dit, depuis que je donne une réalité à mes idées.

Les Souvenirs

c'est un panneau rouge et jaune et on lit "big crunch" en gros en introduction des "souvenirs" sur le site de cécile briand

Les souvenirs

J’ai commencé par le « souvenir n°17 », sans savoir pourquoi j’avais choisi ce chiffre. Il s’agissait d’un petit sachet à fermeture zip rempli de petits objets inutiles qui traînaient chez moi et sur lequel j’ai écrit ce titre. C’était en novembre 1997.

Le « souvenir n°16 » est arrivé peu de temps après : j’avais imaginé tendre un pull en le clouant sur mon mur, mais j’avais renoncé au projet. L’étiquette restée accrochée désignait le  « souvenir n°16 ». Suivit le n°15.

Sans réfléchir, j’avais commencé la chaîne des souvenirs, à rebours. J’imaginais bien arriver au n°1. Cela allait prendre du temps et ça tombait bien, j’avais tout mon temps. Les projets « souvenirs » se sont succédés, de plus en plus longs à réaliser et de plus en plus espacés.

Le livre « Le tout de mon temps » et ce site web composent le « souvenir n°1 », le point où je devais arriver, pour repartir. Comme le big-crunch succède au big-bang. L’hypothèse étant que le mouvement repart dans un big-bang (explosion-implosion-explosion…).

Suivent 6 exemples de « souvenirs », apparus dans l’ordre chronologique.

il s'agit du souvenir n°14 qui est le dessin d'une bague entortillée comme un barbelé et présentée comme une œuvre dans un musée sur le site de cécile briand

souvenir n°14

J’ai travaillé 3 mois comme surveillante de salles au Petit Palais, bien avant sa restauration et son agrandissement en sous-sol. Nos chefs portaient un costume. L’ambiance était assez stricte. Nous n’avions pas le droit de nous parler quand nous étions en poste. Les salles des expositions temporaires étaient toujours plongées dans l’obscurité. Assise sur une chaise, il m’arrivait de m’assoupir, je luttais alors pour garder les yeux ouverts et n’y arrivant pas, je me remettais debout.

Un jour, je trouvai par terre un ressort de stylo, long et fin. Je le dépliai, l’étirai jusqu’à en obtenir une bonne longueur ondulée et le tournicotai sur lui-même pour en faire un anneau. Je le nommai la «bague-réveil-gardien ». Il me permit, porté au doigt, à chaque fois que le sommeil me prenait, de rester éveillée par la sensation piquante de son frottement contre les paumes de mes mains.

J’eus l’idée d’en faire une œuvre. Je prévoyais que l’anneau soit posé sur un petit coussinet molletonné et mis à l’intérieur d’une boite aux parois de verre et socle de bois. Avec, gravé, sur une plaque de bronze clouée au socle, le titre « Bague-réveil-gardien, 1999 » (à la manière des tableaux du 18ème siècle que j’avais sous les yeux).

Malheureusement, je perdis cette bague.

Le dessin de la bague sous verre et son histoire forment le Souvenir n°14.

série "le cri" une sur trois
série "le cri" deux sur trois
"le cri"

souvenir n°11 - Le cri

C’est à la mort de Tante Maria que nous avons récupéré de nombreuses diapositives, avec leur projecteur. Parmi elles, je découvris ces images prises un jour de neige chez Tante Maria. Nous avions une photo de la série dans un des albums mais pas celle du cri. Comme je crie ! Pourquoi est-ce que je crie comme ça ? À cause du doigt sur l’objectif ? Non… Et je fais peur à ma mère qui a la langue sortie de travers et à Tante Maria qui a un geste de recul. Est-ce mon cri qui leur fait peur ou bien ce qu’elles voient, elles aussi ? Ma mère ne sait pas. Mes sœurs non plus. Ces 3 photos sont rassemblées sous le titre « souvenir n°11 ».

C'est un texte intitulé "souvenir n°10. Il donne 2 citations un peu trop longues à écrire ici... sur le site de cécile briand

Le « souvenir n°10 » consiste en 2 citations. Elles ont été sélectionnées avec une méthode de réduction progressive de citations. Les ouvrages de références étaient au nombre de 7 : « Le réel et son double » de Clément Rosset, « Le hasard créateur » de Remy Lestienne, « L’être et le néant » de Sartre, « Histoire du miroir » de Sabine Melchior-Bonnet, « Joseph Beuys » édité par le Centre Georges Pompidou, « Les Buddenbrook » de Thomas Mann et « Le mythe de Sisyphe » de Camus. J’avais, pour chacun, recopié les nombreux passages que je préférais. Sur une année, au terme de 6 contractions, il ne resta plus que ces 2 citations. Elles faisaient sens ensemble, je ne pouvais pas les réduire plus.

Quelques jours après avoir commencé ce travail, j'ai découvert ce passage dans « Artistes sans œuvres » de Jean-Yves Jouannais : « Son projet [à J.Joubert] consistait en une forme plus vaste qu'une cathédrale, plus discrète qu'une chapelle de campagne :"tourmenté par la maudite ambition de mettre tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase et cette phrase dans un mot. C'est moi." »

Une photographie noir et blanc en diptyque intitulée "souvenir n°9" où l'on voit une pancarte accrochée à une rambarde le long d'un trottoir de nuit sur le site de cécile briand

Souvenir n°9

J’habitais alors rue des Mûriers, dans le 20ème. J’avais acheté un vélo à rétropédalage d’occasion, en mauvais état, sans freins à main utilisables. C’est avec lui que j’eus deux accidents, heureusement sans gravité. Je ne m’en servais pas beaucoup et l’attachais toujours à la même rambarde qui longeait le petit square en bas de chez moi. Une nuit, il disparut.

 Le « souvenir n°9 » est la pancarte recto-verso que j’accrochai à cette même rambarde le lendemain. (Je crois qu’elle est restée fixée une semaine avant de disparaître à son tour.)

Sur la deuxième face, on pouvait lire :

« AVIS DE RECHERCHE :

Ici, a disparu, dans la nuit du 12 au 13 janvier, un vélo, dit « hollandais », noir, d’allure robuste et pourtant… fragilisé par la rouille, de mauvais freins et un garde-boue chancelant.
Une récompense sera offerte à celui qui préviendra son nouveau propriétaire des risques qu’il encourt en l’utilisant. C.B. »

c'est le souvenir n°9 et c'est un côté de la pancarte qui parle du vélo disparu : "ici vécut monsieur vélo..." sur le site de cécile briand

Souvenir n°3

Autrement appelé « 1001 souvenirs », ce « souvenir n°3 »  aura été un des plus étendu : je l’ai commencé en 2003 et l’ai terminé en 2017. J’ai travaillé par intermittence, 3 fois 5 mois environ et un peu plus longtemps à la fin.

J’ai d’abord voulu faire la liste de mes souvenirs d’enfance. Je l’imaginais sans fin. Mais c’est avec peine que j’ai fini par rassembler 1001 souvenirs.

Chacun d’eux est décrit avec quelques mots qui prennent place sur 4 colonnes dans Excel. Par exemple : Rennes/avec sœurs/vieille habillée noir cheveux blancs/on retient porte empêche vieille entrer. Je pense que personne n’arrivera à les lire tous, malgré l’intérêt d’un style d’écriture à trous. Ils sont plus un plateau de jeu qui me donnera l’occasion, à partir de numéros donnés au hasard, de raconter quelques souvenirs à mes enfants, amis ou qui voudra.

J’avais cependant récolté une matière considérable et c’est d’une façon évidente que j’ai entrepris l’étude des souvenirs. J’ai voulu savoir quelle était la nature du souvenir, sa forme, son contenu. J’ai étudié, comparé. Les réponses que j’obtenais m’enthousiasmaient. J’ai poursuivi jusqu’à mes limites d’apprentie chercheuse.

Vous trouvez sur ce côté deux extraits de « 1001 souvenirs ».

L’œuf sur le plat en plastique était un jouet de mon enfance qui me fascinait. Il pourrait faire la couverture du livre « 1001 souvenirs » si je choisissais de l’isoler du "Tout de mon temps".

Ce Souvenir n°3, et le suivant, apparaîtront en entier dans "Trois morceaux de mon temps".

On peut lire un extrait du récit du souvenir n°97 où je raconte mon premier cours de judo, sans t-shirt pour le projet 1001 souvenirs sur le site de cécile briand
c'est la photographie d'un œuf sur le plat en plastic pris à l'envers et à l'endroit. C'est un jouet dont l'image pourrait être la couverture du livre "1001 souvenirs" sur le site de cécile briand
C'est un texte extrait de la partie de recherche autour des "1001 souvenirs" trop longue à dire ici sur le site de cécile briand

Souvenir n°2

« Les Vieux » ou « Souvenir n°2 » est un enregistrement sonore sur papier. Nouvelle forme d’écriture, le texte est une retranscription mot pour mot, virgule pour virgule, des dialogues issus de mes conversations enregistrées (à leur insu) avec de vieilles personnes, rencontrées dans des jardins de la ville.

L’idée était née lors du projet Entre Autres avec Emily Mast. La consigne voulait que l’on obtienne 4 vérités sorties de la bouche de personnes âgées. Finalement, j’ai reçu en cadeau bien plus que 4 vérités. Ces personnes étaient supposées avoir la vie derrière elles, pour autant, elles étaient plus vivantes que moi. J’ai donc eu envie de poursuivre ces rencontres, en prenant soin de recopier très exactement nos paroles, aux soupirs près.

10 conversations sont retranscrites. Elles sont mes rencontres débutées en 2004 avec les « 4 vérités » et poursuivies jusqu’en 2013.

En voici un court extrait.

c'est un texte extrait de la rencontre avec "la dame qui n'a pas eu d'enfants", parmi toutes les rencontres faites pour le projet "les vieux" ou "souvenir n°2" sur le site de cécile briand